Dans la chambre d'hôpital, il faisait sombre. Seule la lueur pâle de la lune filtrait à travers la fenêtre, projetant des ombres longues et silencieuses sur les murs. Pierre tenait son nouveau-né dans ses bras, les yeux embués de larmes. Sa femme, Anne, venait de rendre son dernier souffle en donnant la vie à Kali.
Il ne l'avait même pas entendue partir. Juste un silence de plus. Un vide de trop.
Dans l'ombre, sans que Pierre ne le remarque, une silhouette se tenait immobile. Un chat, aveugle, au pelage gris cendré. Le dernier de sa race. Une créature étrange, entre l'esprit et l'animal. Il ne parlait jamais. Il guidait. Avec des gestes, des rêves, ou des illusions. Il apparaissait seulement lors des moments clés. Nul ne savait d'où il venait… certains disaient qu'il voyait à travers les âmes.
Pierre murmura, la voix brisée :
— Mon fils… Je te promets que je ferai tout pour toi. Même si je suis seul maintenant.
Le silence se fit lourd, rempli d'une douleur sourde, mais aussi d'un étrange courage. Kali, minuscule, semblait dormir paisiblement contre la poitrine de son père.
Le chat, toujours silencieux, avança d'un pas lent. Ses yeux laiteux se posèrent sur l'enfant, comme s'il le reconnaissait. Il s'arrêta au pied du lit, puis leva la tête vers la lumière de la lune. Un souffle d'air sembla passer dans la pièce, léger, presque irréel.
Pierre sentit soudain une présence. Une chaleur. Ou peut-être un écho. Quelque chose d'invisible, mais là.
Le chat sauta avec souplesse sur le rebord de la fenêtre, s'arrêta un instant, et tourna lentement la tête vers Kali. Dans le silence, une promesse muette semblait flotter.
Puis, il disparut dans le couloir, englouti par l'obscurité.
Pierre regarda son fils. Une larme glissa sur sa joue, mais son cœur, lui, était déjà en train de se relever.
Il ne le savait pas encore, mais rien ne serait ordinaire.
Kali n'était pas un enfant comme les autres.